De leur petite voix de crécelle,
Elles nous chatouillent les tympans,
Dans leurs yeux reste l'étincelle
De ceux qui sont encore vivants.
Qui portent sur leurs vieilles épaules
Le poids de ce siècle d'épouvante,
Poids qui les ploie comme des saules
Vers leurs pantoufles hésitantes.
Chaque ride à sa propre histoire,
Chaque cheveu est un survivant,
Si chaque larme porte un espoir,
Par elles nous s'rons heureux longtemps.
Des décennies de soumission,
Vivre le sexisme au présent,
Y'a qu'les vieux mâles qu'ont des raisons,
De regretter le bon vieux temps.
Elles s'appliquent à rester discrètes,
Effacées, presque transparentes,
Sentinelles d'une morale désuète,
C'est ainsi qu'elles vivent nos parentes.
Sûr qu'à force d'humiliation,
Elles demand'ront à s'exprimer,
Feront des manifestations
Et il n'faudra pas s'étonner.
Elles voudront du mou pour leur chat,
La démission d'Michel Drucker,
Se laisseront plus jamais marcher sur les doigts,
Et fout'ront le feu aux cimetières.
Elle ne s'ra pas de Russie leur retraite.
Elle se deguis'ront en squelette
Pour foutre la trouille aux midinettes,
Chouraveront des mobylettes
Pour pourchasser les proxénètes,
Et se drogu'ront comme des athlètes.
Elle ne s'ra pas de Russie leur retraite !
Et dans leurs verres, tous les dentiers,
Ne rumineront plus la poussière,
De vieilles histoires périmées,
Mais de l'espoir et du bois vert.